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Lundi 27 Avril 2019

 

Functional Training VS CrossFit

 

Au-delà des activités physiques et sportives traditionnelles, l’industrie du fitness tente de répondre, par le mouvement, à une exigence nécessaire de santé. L’évolution de son offre traduit pleinement une succession de besoins, passant par le maintien de la condition physique, la recherche d’un idéal esthétique, jusqu’à la notion de performance athlétique, le tout dans une perspective de besoin de se dépenser.

L’entrainement fonctionnel est une démarche qui permet d’entrainer le corps aux mouvements du quotidien ou des secteurs professionnels et sportifs spécifiques.

Aujourd’hui, l’offre CrossFit se définit comme l’incarnation de l’entrainement fonctionnel, dans un contexte d’exécution à haute intensité et de mouvements constamment variés.

La préparation physique ainsi que le coaching sportif ont pour finalité de s’adapter aux besoins spécifiques individuels, en prenant en compte les antécédents médicaux, la typologie posturale, et répondre aux objectifs attendus. Le recours à l’entrainement fonctionnel comme mobilisation polyarticulaire est ici une solution largement envisagée.

Plusieurs questions se posent :

  • Comment le mouvement permettait-il de générer de la santé avant l’avènement de l’industrie du fitness ?
  • Quels sont les enjeux de santé que l’industrie du fitness tente de relever ?
  • Le CrossFit donne-t-il toutes ses lettres de noblesse à l’entrainement fonctionnel ?
  • Comment l’entrainement fonctionnel peut-il être vecteur de santé ?

 

Un peu d’histoire 

 

Pour aborder le thème de l’entraînement fonctionnel, il m’est impératif de revenir sur le passé et de mettre en lumière les époques révélatrices où l’homme était conditionné pour survivre sur les champs de bataille.

  • Le culte de la lutte, sous différents empires de l’Antiquité, garantissait des guerriers capables de résister physiquement à de longs corps à corps avec l’ennemi et assurer la survie de tout un peuple.
  • Les Meels perses ou encore les Gada indiens, outils d’entraînement traditionnels, préparaient les « barbares » au maniement d’armes lourdes pour assurer leurs victoires sous le tranchant de sabres et de masses.
  • La gymnastique s’exprime pleinement à partir du XIXe siècle dans l’armée occidentale. Cette discipline a pour but de forger un corps équilibré, harmonieux et athlétique. L’acrobatie est un art à part entière dans la cavalerie.
  • L’Empire russe intègrera le maniement de la Kettlebell pour endurcir et athlétiser ses forces combatives par des mouvement oscillatoires et de force dès la fin des années 1880.
Functional_training_history

Ces quelques exemples, qui mériteraient un plein développement, nous rappellent que l’entrainement fonctionnel fut toujours central dans l’expression de la condition physique et de la santé. Les mouvements d’isolation, à la barre ou sur supports guidés, étaient inenvisageables et ne présentaient aucune nécessité.

De nos jours, le stress de survie s’est effacé et se trouve remplacé par un confort de qualité de vie permis par la société actuelle. La sédentarisation du rythme de vie légitimise la pratique du fitness pour redonner au corps l’engagement dont il a besoin.

Le conditionnement par le CrossFit

 

Origine du CrossFit

Le CrossFit est une entreprise commerciale dont le premier centre affilié fut inauguré en 1995.

Il propose des entrainements regroupant plusieurs disciplines dont l’haltérophilie, la gymnastique et des activités monostructurelles (course, vélo, rameur…)

L’exécution à haute intensité des mouvements par la répétions et la charge développe des qualités physiques métabolitiques d’endurance et de puissance. La capacité de travail est le principal axe de développement.

D’un point de vue sportif, le CrossFit est un tournoi visant à définir l’athlète présentant la meilleure condition physique.

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L’entrainement polyarticulaire bilatéral

De nos jours, en bousculant l’adaptation des filières énergétiques et le développement d’habiletés motrices, le conditionnement CrossFit a pris le pari de sortir de la finalité esthétique de la musculation traditionnelle, transformant la « santé esthétique » en « santé condition physique ».

Les cours de Crossfit s’effectuent en groupe, visant l’apprentissage des mouvements des disciplines vues précédemment. Principalement, ces mouvements sont bilatéraux et s’effectuent autour d’un plan sagittal, c’est-à-dire que le mouvement suit un plan vertical et perpendiculaire au tronc, et la mise en mouvement des membres du côté droit et la même que ceux du côté gauche. Le OverHead Squat sur la photo ci dessus en est l’illustration.

Le CrossFit, par son travail polyarticulaire, bilatéral sur le plan sagittal (majoritaire en quantité de travail), apporte une réponse santé en renforçant l’extension des hanches et du rachis par la mise en tension des chaines postérieures superficielles. Il participe au redressement postural.

Cette situation est-elle suffisante pour parler de Functional training ?

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Comment envisager le functional training ?

 

Origine du functional training

On parle initialement d’entrainement fonctionnel dans l’univers médical et en particulier celui de la réadaptation. Les Kinésithérapeutes utilisent cette approche pour réathlétiser et préparer des patients souffrant des troubles moteurs et leur permettre de retrouver une vie « motrice » normale.

 

Dans l’univers du sport, de manière vulgarisée, l’entrainement fonctionnel illustre tous les outils et mouvements mettant le corps dans des situations d’inconfort postural et moteur, soit par perturbation de l’équilibre soit par la mise en place de coordination spécifique. De nombreux outils sont envisageables telles le TRX suspension trainer, le Bosu ou encore les Swiss balls. Il s’oppose aux exercices d’isolation musculaire ainsi qu’à l’exécution de mouvements guidés.

 

 

L’entrainement polyarticulaire unilatéral

 

La ligne fonctionnelle ou the functional line:

L’architecture de notre corps est façonnée par des milliers d’années de développement autour de schémas moteurs nous ayant permis de survivre (manger et ne pas être mangé). Nous parlons de la fonction de marche, course et du lancer.

L’espèce Humaine a d’exclusif dans le règne animal, la capacité de mettre son thorax en rotation relativement à son bassin pour générer ses déplacements.

La rotation thoracique nous permet un déplacement en bipédie efficace par distribution des tensions entre les membres supérieurs et inférieurs mais aussi des actions balistiques telles que le lancer. Cette qualité biomécanique nous a placés en haut dans la pyramide des prédateurs en tant que chasseurs, voilà déjà 300 000 ans.

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L’action de la rotation thoracique a un rôle central dans la mise en tension des lignes fonctionnelles transversales postérieures et antérieures. Nous la retrouvons dans la très grande majorité des sports actuels, mis à part l’haltérophilie où la bilatéralité des mouvements inhibe toutes possibilités d’activation de chaines spirales au niveau du tronc.

 

La réciprocité des mises en tension de la ligne fonctionnelle associe des muscles différemment opposés, par exemple le grand dorsal droit avec le fessier gauche ou encore les obliques gauches avec les adducteurs droits ! Par conséquent, quand un bras pousse, l’autre tire, lorsqu’un pied est jeté en avant, l’autre est poussé vers l’arrière. Le déplacement du corps dans l’espace est ainsi possible !

Notre quotidien est donc animé par une continuité de mouvements polyarticulaires unilatéraux !

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Entrainer le mouvement humain

Une approche sportive du développement de la santé pourrait se définir dans la capacité d’entrainer la pleine fonctionnalité de ces schémas moteurs qui permettent la marche/ course, le saut et les mouvements balistiques.

En traduisant bio mécaniquement cette situation, ce serait d’entrainer le corps à utiliser la rotation thoracique, à la coordonner entre les épaules et le bassin, et s’en servir comme vecteur de distribution de tension d’un pied à la main opposée (ou inversement). Le tout en essayant de couvrir une orientation de mouvement à 360° dans l’espace.

On se rend rapidement compte que les mouvements bilatéraux tels push up, squats, Dead lift, tractions ou encore sits up ne répondent pas à cette exigence de mise en mouvement transversales. De plus, l’adaptation à ces exercices génère une latéralisation des tensions par compression, pouvant créer, à force de répétions, les traditionnelles pathologies aux épaules, genoux et lombaires.

 

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La vertu des mouvements oscillatoires

 

L’exercice, par les mouvements unilatéraux oscillatoires et balistiques de type swing, crée un feed-back permettant de charger en tension l’ensemble des lignes myofasciales traversant notre corps et en particulier la ligne transversale.

Voici une liste d’outils d’entrainement qui permettent de suivre des trajectoires pendulaires recherchées :

  • Les médecine Balls
  • Kettlebells
  • Clubbells
  • MaceBells (Gada, Steelmace…)

La mise en mouvement de ces outils nécessite la maitrise du timing d’exécution, coordonnant l’ensemble des segments de notre corps. La trajectoire parabolique génère aussi une oscillation rythmique, composante vitale de l’entrainement fonctionnel au bénéfice du mouvement humain.

L’absence de choc ou d’à-coup garantit aussi une répétitivité de mouvements moins traumatisante pour les tissus, puisque les accélérations et amortis se font de manière beaucoup plus douce.

Intégrer ces stimulations dans une programmation CrossFit permettrait de revenir à l’essentiel de cette discipline telle qu’elle se définit pour le pratiquant lambda : s’entrainer pour la santé.

 

L’entrainement fonctionnel par ces mouvements oscillatoire n’est rien sans la prise en compte de la posture.

La posture au service de la santé

 

Un peu de culture…

Le mouvement est généré par la mise en tension de lignes myofasciales traversant de part en part les tissus de notre corps. Une connexion est donc établie entre un enchainement de muscles, tendons et divers tissus viscéraux respectant des trajectoires bien précises le long des segments. Ces tensions se distribuent et s’équilibrent pour construire une posture neutre respectant l’organisation des différents complexes articulaires. On appelle cela la tenségrité. Son respect permet l’exécution de mouvements rythmés sans douleur ni restriction autour de balayages articulaires optimums.

L’environnement du chasseur cueilleur

IL y a de celà 300 000 ans que la recherche de nouveaux territoires, de ressources alimentaires, la chasse et la cueillette, ont façonné la structure du corps de l’humain. La capacité d’une marche endurante et la qualité balistique ont permis de maintenir la survie de notre espèce au fil des siècles. Les habiletés de la marche et du lancer constituent des fonctionnalités essentielles ancrées dans notre patrimoine génétique. Il est donc fondamental de la stimuler pour entrainer le corps à ce qu’il doit faire et maintenir une santé solide.

 

L’environnement actuel

Le contexte postural de notre quotidien nous emprisonne dans une station assise, hanche et thorax fléchis. La conséquence directe est la modification de cet équilibre, les tensions musculaires se modifient et génèrent une bascule posturale par un enroulement des épaules vers l’avant, une cyphose thoracique rigide et un rachis lombaire sous tension par l’antéversion du bassin. Cet effondrement postural ne peut qu’être source de douleur et pathologies chroniques.

 

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Conclusion:

 

Cette dernière décennie est marquée par un regain d’intérêt pour les disciplines traditionnelles de renforcement. Des termes très marqués comme Original Strengh ou encore Primal mouvement identifient cet élan général utilisant les Maces, Kettlebells ainsi que les Clubbells comme outils de mise en tension de l’ensemble des lignes myofasciales du corps.

Entrainer les mécanismes de nos fonctions motrices de base prend tout son sens dans la pratique d’une activité physique d’entretien, mais aussi dans la perspective de conserver un équilibre général vecteur de santé.

Le crossfit est une porte d’entrée dans l’entrainement fonctionnel. Cependant les plans transversaux sont trop peu stimulés pour renforcer les schémas essentiels du déplacement humain, finalité déterminante de l’entrainement fonctionnel.

 

L’entrainement fonctionnel n’est pas un sport, c’est un outil au service de votre santé biomécanique et plus globalement, par le sens donné à l’entrainement, une santé spirituelle.

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